« Adrien, mon copain ne joue plus, il évite le groupe des amis, à l’école est absent, semble vivre dans un autre monde, il ne veut plus les chiclettes à la menthe qu’il aimait tellement. Quand je lui parle du foot et du football-club Barsa, son équipe star il reste évasif et morne alors qu’il y a un mois on le voyait s’enflammer pour son club. Qu’est-que ce passe t-il dans sa tête ?"
« Ma fille Arlette ne sort plus avec ses copines, elle reste cloisonnée dans sa chambre et passe toute la journée devant l’ordinateur soit sur Face-book, à surfer ou à jouer. Elle a maigri et ne vient plus à table. Le matin, elle ne veut pas se lever pour aller à son boulot de vendeuse. Elle a manqué à plusieurs reprises le travail ou est arrivée en retard. J’ai reçu plusieurs avertissements de son employeur et si cela continue, elle risque une rupture de contrat. Si j’essaie de la raisonner ou que je la menace de restrictions et punitions, elle me regarde de façon étrange et fuit s’enfermer dans sa chambre. A-t-elle un chagrin d’amour ? Fume-t-elle du cannabis ? Je suis désemparée. Où chercher de l’aide, qu’elle refuse d’ailleurs systématiquement ? »
« Mon collègue, un juriste réputé, apprécié et estimé de tout le monde, est devenu depuis quelques mois insupportable. Il accuse les collègues de complot, il soupçonne d’être traqué et cherche continuellement des preuves pour étayer ses idées, il recherche tous les moyens d’alarme et de protection pour l’ordinateur et internet, puisqu’il est sûr que la CIA l’espionne. Je tente de le raisonner en lui montrant l’absurdité de ses propos, mais je sens qu’il commence à se méfier aussi de moi, qui suis pourtant un de ses amis les plus proches. Est-il devenu fou ? Comment l’aider ? »
« Grand-maman s’amuse comme une gosse, fait de plus en plus de bêtises : elle met parfois le produit à lessive dans le frigo et le lait sur l’étagère des produits de nettoyage. Si on le lui fait remarquer, elle prétend que ce n’est pas elle.
Souvent, elle perd ses clefs et alors elle accuse le voisin ou ma maman de les avoir volées. J’ai l’impression qu’elle est retombée en l’enfance. Ce n’est pas rigolo et ça me fait mal au cœur de la voir dans cet état ! »
Quatre situations vraies que chacun d’entre nous peut rencontrer une fois dans sa vie.
Mais comment les prévenir ? Que faire pour aider ces personnes ? Quand faut-il intervenir ? A qui faut-il s’adresser ? Où fixer les limites entre le comportement pathologique et les situations banales, comme des chagrins d’amour, des crises d’adolescence, des état euphoriques transitoires ?.
Ces questions et les quatre exemples cités en préambule mettent en évidence la détresse et l’impuissance de l’entourage lorsqu’un proche présente des troubles qui peuvent être les premiers symptômes d’une maladie mentale : psychose, troubles bipolaires, dépression, schizophrénie, maladie d’Alzheimer, anorexie, etc…
La personne elle-même peut, au début d’une maladie psychique, constater les changements qui apparaissent dans sa personne, en être déstabilisée ou connaître des angoisses.
Difficultés de la détection précoce d’une maladie mentale
Dans le cas de maladies mentales, il est souvent délicat et difficile, dans une phase précoce, d’établir (même pour des spécialistes) un diagnostic, car les premiers symptômes ne sont pas toujours évidents et peuvent être confondus avec des « troubles passagers normaux » dus à l’âge (crise d’adolescence) ou à un stress environnemental (examens, décès d’un proche, maladie somatique)
.De plus, la personne et son entourage sont confrontés aux préjugés ayant cours dans la société : « C’est de sa faute ou alors c’est de la faute à son entourage », « Il n’a qu’à se prendre en charge » et souvent la personne aux prises avec une maladie mentale essaie de camoufler et taire sa souffrance psychique, retardant ainsi le moment d’une prise en charge qui pourrait l’aider.
Fréquemment, il faut compter avec le déni des troubles psychiques comme dans le cas d’une personne atteinte de trouble bipolaire. « Je suis en pleine forme, j‘ai tellement d’énergie que je pourrais déplacer une montagne. Donc je ne suis pas malade ! »
Et enfin, il peut y avoir une erreur d’identification des symptômes en les comparant à des réactions normales dans le cas de certains événements.
Il ne faut pas oublier le regard souvent dénigrant que portent la société ou la famille qui encore actuellement voit souvent le malade psychique comme une personne faible, manquant de volonté et dont on a pitié ou alors qu’on abandonne à lui-même, à ses comportements bizarres. Le recours au psychiatre est encore souvent considéré comme une honte.
Symptômes pouvant être des signes prémonitoires d’une maladie psychique
Changements d’humeur soudains et inattendus.
Perte d’intérêt pour les hobbies, le travail, les passions habituelles-
Coupure des liens avec les amis et isolement.
Consommation abusive de boissons alcoolisées ou usage de drogues.
Manque complet de confiance.
Prise importante ou perte de poids.
Automutilations (scarifications).
Difficultés à penser clairement.
Comment réagir?
- Soi-même : Si possible, reconnaître son malaise, se confier à un proche, à un professionnel, à un soignant. Consulter un spécialiste afin d’évaluer la gravité de la situation et recevoir de l’aide.
- Les proches : Se rendre à l’évidence, reconnaître l’existence de troubles, ne pas se barricader derrière des excuses ou des accusations, ne pas banaliser, mais soutenir le proche souffrant afin qu’il consulte. S’il est mineur, faire valoir l’autorité parentale pour consulter un médecin ou psychiatre. Dépasser la honte et l’omerta destinée à maintenir l’honneur de la famille et accompagner son proche dans la requête d’aide.
- Les amis : Essayer de convaincre la personne de consulter, de se confier à un proche ou à un professionnel, l’accompagner dans cette démarche.
Dans le cadre scolaire, les amis peuvent parler à l’infirmière scolaire (qui est tenue au secret de fonction), s’adresser au médiateur scolaire ou au maître de classe. Dans une telle situation, en rompant parfois le secret qui leur avait été demandé, les amis ne manquent pas de loyauté vis-à-vis du copain, mais au contraire lui rendent un grand service.
- Les professionnels : Ceux-ci doivent reconnaître la situation et soutenir la personne à fin qu’elle consulte. En cas de nécessité, il faut alerter les autorités compétentes, afin qu’on puisse juger les capacités de discernement de la personne ; une hospitalisation en milieu psychiatrique contre son gré à fin d’assistance peut être nécessaire..
Il est primordial que la demande d’aide appropriée soit faite le plus vite possible
Elle doit permettre :
la clarification d’une situation difficile,
l’évaluation clinique par des spécialistes compétents qui vont effectuer un tri entre une réaction « normale » à une situation difficile et le début d’une maladie qui peut avoir des répercussions graves sur la santé psychique de l’individu ou encore être un symptôme d’une maladie physique.
Un traitement précoce et adéquat permet, même pour des maladies graves comme la schizophrénie, les troubles bipolaires, l’autisme, une évolution moins traumatisante, moins douloureuse pour la personne malade et son entourage et une qualité de vie acceptable et mêm la guérison.
Quelques articles et liens concernant la détection précoces
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Santé mentale à l’école, Un texte de Claire BLAIN, psychologue en CMP
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Avis scientifique sur les interventions efficaces en promotionde la santé mentale et en préventon des troubles mentaux, développement des individus et des communautés
MAI 2008 Institut national de santé publique Québec -
Santé mentale au travail : détecter avant de traiter
Premier colloque de l'équipe de recherche sur le travail et la santé mentale
MONTRÉAL, le 16 septembre 2009 – "Ces dernières -
Prévention Canton de Neuchâtel
- Vaud: (Groupe info des Journées de la schizoprénie) prévention par les prohe à l'école
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Programme TIPP (lausanne):Traitement et Intervention Précoce dans les troubles Psychotiques
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Interventin précoce (GREAT)
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Ces jeunes qui veulent échapper à la maladie mentale (programme JADE Genève) RTS: Temps présents(2009)
- Le passage à l'âge adulte est délicat et les jeunes qui souffrent de troubles psychiques sont nombreux. Comment éviter qu'ils sombrent dans la maladie et soient piégés par l'engrenage des internements psychiatriques à répétition ? Temps Présent a suivi des jeunes adultes qui vivent leur première hospitalisation et leur prise en charge pour retrouver une vie ordinaire
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Intervention précoce dans les établissements de formation (Radix: Fondation Suisse pour la Santé)
Le Programme Intervention précoce vise à soutenir les jeunes en situation de vulnérabilité qui ont des difficultés dans leur développement et intégration. Il promeut la collaboration entre un service spécialisé de prévention et promotion santé et un établissement de formation pour qu’ils développent et mettent en œuvre, ensemble, un concept sur mesure pour l’intervention précoces dans le milieu scolaire.